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Le mardi 3 avril, la MDJ a reçu dans ses locaux le réalisateur Jonathan Millet venu présenter son court métrage : « Et toujours nous marcherons ». Le court-métrage raconte l’histoire de Simon, un jeune camerounais venu en France sur les traces de son frère dont il n’a plus de nouvelles. Ce Ciné-Club a été l’occasion d’aborder les questions complexes du choix et des raisons qui motivent l’immigration mais aussi de débattre de la manière de raconter cette histoire.

Image tirée du court métrage « Et toujours nous marcherons » produit par Films Grand Huit (2017)

Le réalisateur a été accueilli par Darline COTHIERE, directrice de la MDJ, Lisa Viola ROSSI, chargée de la Communication et de la Sensibilisation, et Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique en charge des activités culturelles. Des journalistes en exil originaires de Turquie, de Syrie, du Zimbabwe et du Soudan étaient présents pour la projection, ainsi que plusieurs membres de l’équipe et des bénévoles de la MDJ.

Réalisateur de « Dernières Nouvelles des étoiles » (2017) et « La Veillée « (2017), Jonathan MILLET prend le temps de concrétiser chaque projet avec une volonté toute particulière de se démarquer du déjà-vue. « Mon but avec « Et toujours nous marcherons » était de faire un film qui raconte les lieux qu’on a pas l’habitude de voir au cinéma. Je voulais saisir différemment les enjeux et la fiction a été le bon moyen de le faire. » Et de fait, le réalisme du récit vient d’ailleurs, et notamment des acteurs … qui n’en sont pas. Seul le personnage principal, Simon, est incarné par un comédien : Yann GAEL, un acteur français, né au Cameroun. Ainsi, le temps passé sur le terrain a permis à l’équipe d’atteindre justesse et vérité. « Il a fallut beaucoup expliquer notre démarche et nous légitimer », raconte Jonathan MILLET.

Le langage aussi tient un rôle central dans la narration de cette quête. D’une rencontre à l’autre, le jeune Simon est confronté aux langues multiples et donc aux origines diverses des migrants qui tentent de faire leur place dans la capitale française. A travers ces dialogues qui jonglent entre le français et des sonorités d’ailleurs, on comprend aussi mieux les dilemmes auxquels sont confrontés ceux qui veulent se construire en France, entre leurs racines et cette terre d’accueil qui ne cesse de les renvoyer vers le large.

Du regard du réalisateur à celui du journaliste

La lumière rallumée, le film terminé, les journalistes de la MDJ ont échangé avec le réalisateur. « Pourquoi une fin ouverte ? » Jonathan Millet explique sa volonté de raconter ces « tragédies grèques » que vivent aujourd’hui les réfugiés. « Le film s’arrête alors que le personnage principal doit faire un choix. Mais ce n’est pas son destin, ce n’est pas ce qu’il aurait voulu.  Il aimait sa vie en Afrique. » Cette ouverture permet de questionner le regard des médias sur la crise actuelle : « ce n’est pas vrai que tous les Africains veulent venir en Europe ».

Pour les journalistes du continent présents, le regard très sombre porté sur cette histoire permet de casser le mirage de la réussite et de la richesse en France. Sylvie NICOLAS, bénévole et militante, partage aussi son expérience : « c’est un miroir d’illusions très dur à casser, je le vois avec tous ces jeunes que j’accueille ». Thelma CHIKWANHA, quant à elle, se reconnait beaucoup dans ce témoignage : « En Afrique, nous pensons que l’Europe est un endroit où tout marche, où tout est accessible. Et pourtant, quand j’ai découvert Paris il y a quelques mois, j’ai été profondément choquée car c’est une des ville les plus sales que j’ai vu ». La journaliste soudanaise Mai OSMAN conclut en partageant une conviction : « il faut partager ce film, le montrer en Afrique ».

Extrait du film

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« Et toujours nous marcherons » est produit par Films Grand Huit qui a gracieusement mis le film à disposition de la MDJ pour cette occasion. Cette projection s’inscrit dans le cadre des activités culturelles organisées par la Maison des journalistes grâce à la précieuse collaboration d’un réseau de partenaires solidaires.