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Par la rédaction du journal L’actu – La table ronde

La colère de l’exilé – Histoire de Jesús Zúñiga, journaliste cubain ancien résidente de la Maison des journalistes

« Pour avoir voulu informer les gens, c’est-à-dire » être journaliste, je suis un « dissident », un « ennemi de la révolution » : voilà le prix à payer à Cuba.» Le prix pour Jesús Zúñiga, aujourd’hui exilé en Franc, c’est de n’avoir vu ni sa femme ni sa fille depuis 2006. De ne leur parler au téléphone que «cinq minutes avant que les autorités cubaines ne coupent la ligne ».

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jesus zuniga

Cuba ne promeut pas officiellement la prostitution, l’infantile encore moins. Cependant, son inaction crée des polémiques à l’échelle internationale.

Article de Jesús Zúñiga, journaliste cubain

Les relations sexuelles des étrangers avec des enfants cubains n’est pas un phénomène nouveau. Depuis des années, les dénonciations se multiplient et le gouvernement cubain n’a pas fait grand-chose – pour ne pas dire rien – pour éviter que cela n’arrive.

Il y a quelques mois, un reportage réalisé par les journaux, Toronto Star et El Nuevo Herald a apporté des informations importantes à ce sujet. Cela a contraint la modification de cette pratique touristique canadienne considérée comme familière et commune chez les époux d’âge avancé et les jeunes mariés idéalistes qui voyagent à Cuba, attirés par l’intérêt que représentent la plage et le soleil. Une destination relativement peu onéreuse et où l’on vient avec l’objectif de connaître un pays singulier, éloigné de la société de consommation dans laquelle ont été élevés ces voyageurs internationaux. Un pays avec ses difficultés mais avec ses citoyens souriants et leur bonne musique.

Tous les touristes canadiens n’ont pas ces relations, pas chères et impunies avec de jeunes mineures. Pourtant cette triste réalité du tourisme sexuel existe depuis de nombreuses années, et ne se limitent pas au territoire canadien !

 

Filles à Cuba, prostituées à Londres

« C’est un commerce qui tourne », affirme le vendeur. Faites votre choix parmi des cubaines ayant entre 11 et 13 ans. Pour les choisir ? Une vidéo des fillettes jouant et mangeant pendant un anniversaire. Il ne reste qu’à désigner ses préférées. En plus de cela, la marchandise est garantie. Avant de les acheter, les acheteurs peuvent l’essayer et en changer s’ils sont insatisfaits. Seulement cette fois-ci, les « acheteurs » se trouvèrent en fait être deux journalistes d’investigation britanniques. Graham Johnson et Nyra Mahmood. L’information allait alors paraître, dans le Sunday Mirror.

La prostitution infantile et le trafic de mineurs a fortement augmenté en Grande Bretagne. En moyenne 1400 filles, entrent au Royaume-Uni tous les ans et sont forcées à la prostitution. En décembre de l’année passée, la branche britannique de l’organisation « End Child Prostitution Pornography and Trafficking (ECPAT, UK) alertait sur le fait qu’un nombre croissant d’enfants étrangers étaient forcés à se prostituer. Le dossier arrive sur le bureau d’un juge. Peter Singer, de la division famille, a alors exigé du gouvernement qu’il mette en place des lois qui réglementent le commerce international de femmes et d’enfants. 

Madanat, un exemple parmi d’autres ?

L’enquête des reporters du Sunday Mirror les a conduit a rencontré Aktham Zuhair Salem Madanat. C’est un jordanien qui a confessé aux journalistes avoir été proxénète à Miami, avoir une maison à Cuba et résider plusieurs fois par an en Angleterre depuis près de 9 ans. Forcé de quitter ce dernier pays il y a 9 mois, il y retourne de temps à autres pour son « business ». Cet homme se vantait de pouvoir faire venir des femmes et des enfants de Cuba. 7 au total entre 11 et 27 ans. Toutes issues d’un village rural, celui de sa femme, « à 7 heures de La Havane », et résolues à quitter l’île et sa pauvreté.

La vidéo avait été filmée pendant l’anniversaire d’une de ses filles, chez lui à Cuba. Il avait invité à la fête, un groupe de jeunes du village et utilisait cet enregistrement pour promouvoir la vente des ces enfants comme prostituées. « Je donne 200 dollars à leurs parents et elles vous appartiennent » disait Madanat selon le Sunday Mirror. Les familles espéraient que les fillettes se marieraient et rencontreraient un quelconque homme riche ou quelqu’un qui leur permettrait au moins d’envoyer quelques dollars.

Des filles en âge d’aller à l’école, de Cuba, du Nigeria, d’Albanie sont obligées de se prostituer en Grande-Bretagne. Ils les enferment, les frappent, leur administrent des drogues. Elles doivent travailler pendant au moins deux ans pour « acheter leur liberté » : leur passeport et la possibilité de rester dans le pays. Voyageant avec de faux-papiers, les plus âgées viennent avec des Visas de travail et font passer les plus jeunes pour leurs filles ou sœurs. « L’ambassade Cubaine de Londres réclame seulement une attestation attestant qu’elles sont danseuses ou serveuses dans un restaurant » affirmait Madanat.

 

Cuba continue de nier ce phénomène

Ce n’est pas la première fois que Cuba est associé au terme « pornographie infantile » dans la presse anglo-saxonne. En 1997, le britannique Gary Glitter a été arrêté après un séjour sur l’île. Il est condamné en novembre 1999 pour son implication dans 54 affaires de pornographie infantile à 4 mois de prison. Glitter qui vit aujourd’hui en Espagne, a fait savoir qu’il pourrait retourner vivre à Cuba et que non seulement la Havane ni était pas opposée mais qu’elle l’y invitait. Dans son rapport de 2000-2001, l’ECPAT signale l’existence de prostitution infantile et du trafic de mineurs à Cuba. Aucune mesure n’a été prise pour éradiquer le phénomène.

Au lieu de prendre le problème à bras le corps, le gouvernement cubain se contente de nier ou de relativiser ce phénomène. Par exemple, dans la Consultation sur la violence sexuelle en Amérique du Sud, promue en 2001 à San José Costa Rica, le régime de La Havane a déclaré que les allégations faisant de Cuba un des pays d’Amérique Latine les plus affectés par le commerce et l’exploitation sexuelle des enfants étaient « complètement fausses ». Alors qu’il existe des lois sévères, il n’y a aucune volonté d’éradiquer les conditions qui favorisent cette forme d‘exploitation des enfants, ni de mettre fin à la prostitution. Jusqu’à présent les mesures prises et mises en place sporadiquement ont eu un impact très limité.

La ministre de la Justice Cubaine, Maria Esther Reus, déclare que la prostitution n’est pas un problème social sur l’île et que les cas de prostitution infantiles sont « minimes ». « Cuba a les moyens juridiques qui garantissent une sanction sévère à l’encontre de ces délinquants », a-t-elle déclaré ce mois-ci à un groupe de journalistes à La Havane, selon différentes agences de presse. Une fois de plus la réaction de La Havane est de nier sa responsabilité et regarder ailleurs. Le gouvernement pratique depuis des années la politique du « tout permis » en certaines occasions et du « tout punir » en d’autres. Cuba ne promeut pas la prostitution officiellement mais ne nie pas non plus son existence sur l’île. Son inaction paraît pourtant malintentionnée.

A son arrivée au pouvoir, Fidel Castro a désigné comme symbole de sa révolution la fermeture de ce qu’il appelait le « Bordel des Caraïbes ». Mais lors d’un tournant sans absolution historique, le pays s’est transformé en un centre de corruption et de vice jamais connu auparavant, ou l’exploitation sexuelle des enfants représente l’aspect le plus terrifiant.