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Le site FLER Fouiller.Lire.Écouter.Regarder. a consacré à la Maison des journalistes un long reportage,  à la rencontre de quelques uns de ses résidents de l’époque, de leurs parcours et de leurs espoirs. 

«A la Maison des Journalistes, des reporters du monde entier se réfugient dans l’espoir d’exercer librement leur métier. L’émotion se lit dans les yeux de Bassel, à mesure qu’il fait défiler les photos sur son ordinateur. Jeune photo reporter Syrien, ses clichés sont irréels. Homs, sa ville natale, est un amas de pierres. Au milieu de ce paysage détruit,  des familles Syriennes fuient en enjambant les décombres. Dans une série de portraits, des enfants, des vieux, ont un sourire qui se heurte au décor. A 27 ans, Bassel vit à la Maison des Journalistes avec 14 confrères.»

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b-tawil-nyuMardi 15 novembre, Bassel TAWIL, photographe syrien originaire d’Homs, est intervenu auprès des étudiants de l’Université de New York à Paris pour témoigner de son vécu et de la situation des droits de l’Homme en Syrie.

Ci-dessous l’article rédigé par deux étudiantes qui ont assisté à cet évènement, Emily Albert, Gloria Yanez, et leur professeur Anna Lesne (décembre 2016).

« Une rencontre marquante entre Bassel Tawil et des étudiants de l’Université de New York à Paris »

Le 15 novembre, un groupe d’étudiants de New York University à Paris, dont nous faisons partie, s’est réuni pour entendre l’histoire personnelle de Bassel Tawil, un photoreporter syrien de vingt-huit ans réfugié en France depuis quinze mois et soutenu par la Maison des Journalistes. « Passionnant », « éclairant », « fascinant » : ainsi était décrit ce moment dans les commentaires rédigés par les étudiants. C’était la première fois que nous entendions parler de la guerre en Syrie par quelqu’un qui l’avait vécue. Bassel Tawil est parvenu en une heure non seulement à nous bouleverser, mais à renverser notre représentation de la situation de ce pays dont nous avons tant entendu parler dans les médias.

Choqué par la violence de la répression des manifestations contre le régime syrien dans sa ville de Homs au printemps 2011, Bassel Tawil, étudiant en informatique tout juste revenu de son service militaire, a commencé à photographier et filmer ce qui se passait autour de lui. Il est ainsi devenu l’un de ces « journalistes civils » qui ont publié leurs images sur des pages personnelles et les ont fait parvenir aux agences de presse occidentales, notamment l’AFP. Il a été poursuivi par les autorités syriennes, menacé, arrêté et enfermé, avant de fuir le pays vers le Liban avec un passeur du Hezbollah ; privé de son passeport, il a été soutenu par Reporters Sans Frontières et le Committee to Protect Journalists, puis accueilli en France où il a obtenu un statut de réfugié.
En France, Bassel Tawil parle ouvertement de ce qu’il a vécu : la faim dans le quartier assiégé, les habitants qui se nourrissent de plantes et boivent de l’eau souillée, l’absence d’électricité. Il mentionne, sans insister, la mort de trois de ses amis et de son jeune frère, la torture. Ses photos montrent des scènes de Homs au fil des mois, des gens abasourdis dans des rues où plus un immeuble n’est habitable, des gens qui courent, d’autres qui s’étreignent, des parties de foot dans les gravats, des enfants qui jouent et qui sourient au photographe. Défilent aussi sur l’écran des images de familles qui ont ramassé ce qu’elles ont pu sauver dans quelques sacs, des voitures de l’ONU, des groupes qui se préparent au départ. Ces images et ces films permettent de saisir l’atmosphère des manifestations contre le régime syrien. Une vidéo poignante montre une fillette qui chante pour la paix, avec tout l’esprit de l’enfance. Tout à coup, le son d’une bombe qui explose juste là et d’une voix qui répète un prénom féminin tétanise la salle. Muets, nous clignons des yeux tandis que Bassel Tawil détourne les siens vers la fenêtre. “Sur place, le bureau du tourisme continue à promouvoir le pays comme si rien ne se passait” ajoute Tawil un peu plus tard.

Après son récit, Bassel Tawil a pris le temps de répondre aux questions des étudiants, dont certaines ont révélé la complexité de la situation en Syrie. Selon lui, notre interprétation est inadéquate quand elle présente ISIS comme le principal ennemi et le grand danger auquel fait face le pays, et non Bachar el-Assad. Bassel Tawil se rappelle la réaction de son père quand à 7 ans il l’a vu dessiner sur le visage du président dans un livre d’école : il l’a frappé, pour la seule fois de sa vie. Aujourd’hui, dit-il, le chef d’Etat est un meurtrier qui a décimé son peuple. Les étudiants de NYU écoutent dans un silence total.

Bassel Tawil dénonce les profiteurs de guerre, ceux qui viennent des pays voisins et exploitent le chaos pour s’enrichir ou prendre position dans le pays. Il illustre les rapports complexes du régime syrien avec ISIS en évoquant la libération en 2011 de prisonniers extrémistes qui ont rejoint Daech, la vente d’essence par l’organisation dans la monnaie syrienne, qui a enrichi l’Etat. Il évoque ce qu’il perçoit comme la faiblesse d’ISIS en Syrie par rapport à l’image qui nous en est donnée. Pour lui, c’est le régime qui doit tomber. Les médias, en concentrant notre attention sur l’Etat Islamique, nous empêchent de comprendre la tragédie syrienne.

De la même façon, dit-il en réponse à des questions sur le sujet, la couverture médiatique de la situation des réfugiés en France, de leurs conflits avec la population et la police, offre au public une image partielle, parfois distordue, de la réalité. Les médias et l’opinion publique se reflètent, se répondent. La vision française peut changer, et la Syrie ne plus être associée au radicalisme religieux et à ISIS.

Comment alors être bien informé ? Pour Bassel Tawil, suivre les médias français et américains est important, mais insuffisant : des pages Facebook continuent à relater la situation locale depuis les zones occupées. Des journalistes réfugiés comme lui partagent leur connaissance du terrain. Si Bassel Tawil a dû quitter les lieux, d’autres continuent. Quand on lui demande s’il a l’intention de retourner en Syrie après la guerre, la réponse est attendue : oui, bien sûr. “Je vois ma vie ici comme temporaire. Je n’attends pas. Je continue ma vie : j’apprends le français, je prends des cours, je cherche à travailler. Mais comme la plupart des Syriens, j’ai l’intention et l’espoir de pouvoir retourner dans mon pays.”

 

Renvoyé Spécial avec Bassel Tawil, journaliste Syrien à l’Ensemble scolaire Marie Rivier de Bourg-Saint-Andéol (Grenoble), le 22 mars 2016.

Pour lire l’article paru dans le Dauphiné Libéré le 26 mars 2016, cliquez ici.

Pour lire l’article paru dans l’Hebdo de L’Ardèche, le 7 avril 2016, cliquez ici.

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(Source : Dauphiné Libéré)

Par Chayet Chienin / Fields Magazine, le 15 février 2016

Lorsque Homs, sa ville natale s’est retrouvée assiégée, Bassel Tawil a attrapé son appareil et a commencé à photographier la guerre en Syrie. Puis il a essayé de quitter Homs mais s’est fait arrêter et a été torturé. Il a finalement réussi à s’évader et à fuir au Liban et enfin en France, grâce au soutien de la Maison des journalistes. Il est un des fondateurs de « Lens of a Young Hosmi » un collectif de photographes qui contribue à apporter les preuves de la destruction de Homs.

ssiMardi 17 novembre e mercredi 18 novembre 2015 lors de la Semaine de la Solidarité Internationale à Fontenay-Le-Comte (Vendée) : Intervention de deux journalistes de la MDJ, Bassel TAWIL (Syrie) et Alareny Baillo BAH (Guinée Conakry) accompagnés de Mme Prisca ORSONNEAU, représentante de l’association.

Matinée : Rencontre-échange au Lycée Notre Dame

Ci-dessous un extrait de l’édition du mercredi 18 de Tv Vendée :

Soirée : « La liberté de la presse dans le monde », Conférence-Témoignage de deux journalistes exilés de la Maison des journalistes   photo 1 photo 4   Mercredi 18 novembre Matinée : Rencontre-échange au Lycée François Rabelais

 

Ci-dessous l’article paru sur Ouest France le 19 novembre 2015 (cliquez ici pour afficher l’article en version originale) :
article OF 2015 11 19

Cliquez ici pour télécharger la plaquette de la Semaine de la Solidarité Internationale

affiche presse19 2015Communiqué de presse
27 novembre 2015, 15h-18h
Presse 19
Afrique : rencontre avec deux journalistes qui ont fui leur pays à cause de leur métier.

Aula Magna – Campus Luigi Einaudi (Lungo Dora Siena 100, Turin)

Du 26 novembre au 4 décembre 2015 (prolongée au 14 décembre 2015)
Syrie : les images de la guerre.
Exposition de photos de la ville de Homs du photojournaliste syrien Bassel Tawil
Main hall – Campus Luigi Einaudi (Lungo Dora Siena 100, Torino)

Vendredi, 27 novembre 2015 à 15h, dans la Grand Hall du Campus Luigi Einaudi (Lungo Dora Siena 100, Turin, Italie) la Maison des journalistes en collaboration avec l’association culturelle Caffé dei giornalisti et le Département Cultures, Politiques et Sociétés de l’Université de Turin, parrainé par la ville de Turin, organise la deuxième édition de Presse 19, « Voci scomode », un événement annuel ouvert au public et dédié à la liberté de la presse dans le monde et aux témoignages des journalistes réfugiés qui, pour avoir accompli leur devoir de journaliste, ont été contraints à l’exil.
Invités à la deuxième édition, Marie Angélique Ingabire (Rwanda) et René Dassié (Cameroun), deux réfugiés accueillis par la Maison des journalistes. Le Rwanda est à la 161ème place sur 180 pays dans le classement sur la liberté de la presse dans le monde de Reporters sans frontières (World press freedom index, 2015), le Cameroun à la 133ème place.
La rencontre sera enrichie par les photographies prises à Homs (Syrie) par le photojournaliste syrien Bassel Tawil, lui aussi réfugié en France, et qui seront exposées dans le hall principal du campus Luigi Einaudi du 26 novembre au 4 décembre à 2015.
Interviendront: Darline Cothière, directrice de la Maison des journalistes; Cecilia Pennacini, professeur d’anthropologie visuelle et culturelle – département de la Culture, la Politique et la Société, et membre du Comité scientifique du Centre d’études africaines; Giovanna Santanera, docteur en anthropologie culturelle; Marinella Belluati, professeur d’analyse des médias – département de la Culture, la Politique et la Société. La réunion sera menée par Federico Ferrero, journaliste et collaborateur de l’Associazione Caffé dei giornalisti.
Le rencontre est ouverte au public et surtout aux journalistes et aux étudiants de l’Université de Turin. Ceux-ci seront invités à approfondir, au cours d’une réunion préparatoire, le contexte social et politique des journalistes réfugiés invités et le statut de la liberté de la presse dans le monde.
« Voci scomode » s’insère dans Presse 19, projet européen de sensibilisation à la liberté d’expression et à l’importance du pluralisme de l’information, organisé par la Maison des Journalistes. Le projet prend son nom de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme du 1948, qui consacre le droit à la liberté d’opinion et d’expression.
« Pour la deuxième édition de Presse 19 en Italie – a déclaré Darline Cothière, directrice de la Maison des journalistes – la MDJ choisit de faire entendre la voix de Marie-Angélique et de René Dassié, journalistes originaires du Rwanda et du Cameroun. Ces deux pays sont classés respectivement à la 161ème et à la 133ème position selon le rapport 2015 de Reporters Sans Frontières sur la liberté de la Presse. Cette rencontre, organisée en collaboration avec le Caffé dei giornalisti de Turin et le Département de la Culture, la Politique et la Société de l’Université de Turin, est donc l’occasion de réfléchir à la situation de la presse dans le monde mais aussi une façon de sensibiliser les jeunes en particulier à la tolérance et à l’engagement citoyen ».
« La liberté de la presse – dit Rosita Ferrato, présidente de l’Association Caffé dei giornalisti – et le droit à l’information du public sont maintenant plus que jamais en danger, et ils le sont surtout dans les contextes socio-politiques caractérisés par des régimes autoritaires et instables, tels que ceux d’origine de nos invités. Il est donc de plus en plus important de continuer à donner la parole à ceux dont la parole a été coupée ».
La rencontre est gratuite et ouverte à tous. Les journalistes inscrits à l’Ordre de journalistes pour avoir des crédits peuvent s’inscrire sur la plate-forme SIGEF.

Info:

Lisa Viola ROSSI – Tél. 01 40 60 04 06 – presse19@maisondesjournalistes.org

www.maisondejournalistes.org

Biographies des intervenants

Marie Angélique Ingabire, journaliste rwandaise
Marie Angelique INGABIREMarie Angélique INGABIRE a eu un début de carrière atypique. En effet, après avoir obtenu une licence en science de l’éducation et après avoir occupé un poste d’institutrice pendant 6 ans, Marie Angélique est engagée sur concours en 2010 comme journaliste-productrice à la Télévision Nationale Rwandaise. Journaliste polyvalente et entreprenante, Marie Angélique a également animé des débats politiques, tourné sur le terrain auprès des populations, produit des émissions culturelles, et présenté une matinale de revues de presse. Journaliste trilingue (anglais, français et kinyarwanda), elle a été productrice d’une émission hebdomadaire sur la Télévision Nationale Rwandaise « le développement durable » portant sur différents thèmes relatifs au social, mais aussi portant sur des sujets de politique nationale et internationale. Depuis son arrivée à la Maison des journalistes en 2013, Marie Angélique est très active dans la rédaction de L’Oeil de l’exilé et dans les projets pour la sensibilisation à la liberté de la presse.

René Dassie, journaliste camerounais

René-DASSIENé le 22 février 1972, René Dassie est un ancien journaliste du journal Le Messager (Cameroun); Chef du service international Le Messager; membre de Transparency International Cameroun, ONG de lutte contre la corruption. En France il a collaboré à plusieurs publications et réalisé des services à la télévision. Il a fait des études en Sciences politiques et a fait un master en journalisme. Il a été rédacteur en chef du site Afrik.com, avec 2 millions de visiteurs uniques par mois. Les causes de son exil sont liées aux enquêtes menées sur les crimes commis par le camerounais, à qui il a consacré de nombreux articles jugés compromettants par l’armée. Il a été accusé de comploter pour prendre part à un coup d’Etat par des officiers jugés pour les mêmes crimes que René avait dénoncés. Il a été arrêté et, pendant sa détention, il a subi des violences graves et la pression psychologique.
Il est exilé en France depuis le 12 Juillet 2003.

Bassel Tawil, photojournaliste syrien
basseltowilBassel TAWIL a vingt-sept ans et est un photoreporter syrien, originaire de Homs. Là, en 2011 il a commencé à s’intéresser aux actes criminels du régime syrien envers la population de son quartier. Il a travaillé avec beaucoup d’agences de presse, surtout l’AFP. Ensuite, de par un accord entre le régime syrien et l’armée syrienne libre, il a quitté la zone de siège (de son quartier vers les quartiers du régime), sans avoir eu le choix. Il a été détenu car il était recherché par le département de la sécurité et il recevait de nombreuses menaces d’eux du fait de son travail. Il est ensuite entré illégalement au Liban où il est resté pendant sept mois, au cours desquels il a encore reçu de nombreuses menaces, et a vu son passeport déchiré. Bassel Towil a étudié l’informatique et obtenu les certifications CCNA et CCNP auprès de l’entreprise informatique Cisco System. En mai 2015, avec l’aide de RSF et du CPJ, Bassel est arrivé en France, à la MDJ. Il travaille pour réaliser un documentaire sur le siège d’Homs.

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