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Par Lisa Viola ROSSI

Une rencontre privilégiée avec Edwy Plenel et l’équipe de Mediapart a ouvert vendredi 9 septembre la rentrée des activités culturelles 2018 de la Maison des journalistes.

Une délégation d’une douzaine de journalistes en exil a été accueillie et accompagnée en visite des trois étages de la rédaction du 8 passage Brûlon, dans le 12ème arrondissement de Paris, par Sophie Dufau, rédactrice en chef adjointe de Mediapart et Lorraine Melin, chargée des services généraux du média.

Lors de la matinée, les professionnels de la MDJ ont pu rencontrer et échanger avec les plumes des différentes rubriques du journal, ainsi qu’avec une partie de l’équipe administrative et technique. Le parcours a prévu la visite de la salle de tournage, où Mediapart réalise ses émissions en live ainsi que de sa bibliothèque.

Ensuite, la délégation a été invitée à prendre place dans la salle des réunions, au cœur du bâtiment, pour assister à la réunion de rédaction qui a lieu tous les matins vers 11 heures. Les journalistes en exil ont pu ainsi prendre la parole pour se présenter à toute l’équipe du journal, une vingtaine de rédacteurs sur place et d’autres assistant en direct live dans les deux autres rédactions du média, à Poitiers et à Montpellier. Cet échange s’est par ailleurs déroulé en presence du directeur Edwy Plenel, avec lequel la visite a continué dans l’espace de réunion au 3e étage, pour une conversation informelle autour d’un café.

« Journal tout à la fois numérique – a souligné M. Plenel -, indépendant, participatif et payant, nous l’avions conçu comme un prototype en laboratoire de ce que pourrait être une nouvelle presse de qualité à l’ère du digitale, dans le but de défendre la valeur de l’information, de l’enquête, de la démocratie délibérative ». Le cofondateur de Mediapart a présenté le projet à l’origine de ce média, et il a rappelé les étapes de son évolution et de son succès extraordinaire qui compte 150 000 abonnés et 4,5 millions de visiteurs. Il a rappelé la centralité de l’indépendance économique (« Seuls nos lecteurs peuvent nous acheter » est le slogan de Mediapart affiché sur le mur de la salle de réunion) et a soutenu l’urgence de promouvoir une culture démocratique: « Car la démocratie est un écosystème complexe de pouvoirs et contre-pouvoirs : nous essayons de mener ce combat culturel en nous présentant en tant que point d’appui de ces volontés citoyennes qui résistent et cherchent les voies d’un refondation démocratique de l’écosystème médiatique – a expliqué le directeur -, en proposant  des réponses nouvelles à la crise d’indépendance et de qualité de l’information ».

M. Plenel a répondu aux différentes points soulevés par les journalistes de la MDJ : de la question concernant le traitement de l’information sur la situation socio-politique en Afrique occidentale jusqu’à la crise des migrants en Europe. « Ma position n’est pas idéologique, mais informée : l’accueil est obligatoire car l’humanité à le droit de bouger et de se déplacer. Nous devons être au rendez-vous de la solidarité avec celles et ceux qui nous viennent du lointain, autrement nous ne le serons pas plus avec notre prochain et notre peuple perdra son sens d’être peuple, en donnant lieu à des extrémismes ». Monsieur Plenel a ajouté : « Français n’est pas une couleur.  Et à ceux qui disent qu’on accueilli la misère du monde, je réponds qu’au contraire c’est la jeunesse et la richesse de l’humanité qui frappent à notre porte ».

La rencontre s’est clôturée avec une séance de dédicaces du livre La valeur de l’information publié en mars 2018 par la maison d’édition Don Quichotte que l’auteur même, Edwy Plenel, a offert et dédicacé à tous les membres de la délégation de la MDJ.

Ci-dessus la galerie photo : 

Le mardi 3 avril, la MDJ a reçu dans ses locaux le réalisateur Jonathan Millet venu présenter son court métrage : « Et toujours nous marcherons ». Le court-métrage raconte l’histoire de Simon, un jeune camerounais venu en France sur les traces de son frère dont il n’a plus de nouvelles. Ce Ciné-Club a été l’occasion d’aborder les questions complexes du choix et des raisons qui motivent l’immigration mais aussi de débattre de la manière de raconter cette histoire.

Image tirée du court métrage « Et toujours nous marcherons » produit par Films Grand Huit (2017)

Le réalisateur a été accueilli par Darline COTHIERE, directrice de la MDJ, Lisa Viola ROSSI, chargée de la Communication et de la Sensibilisation, et Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique en charge des activités culturelles. Des journalistes en exil originaires de Turquie, de Syrie, du Zimbabwe et du Soudan étaient présents pour la projection, ainsi que plusieurs membres de l’équipe et des bénévoles de la MDJ.

Réalisateur de « Dernières Nouvelles des étoiles » (2017) et « La Veillée « (2017), Jonathan MILLET prend le temps de concrétiser chaque projet avec une volonté toute particulière de se démarquer du déjà-vue. « Mon but avec « Et toujours nous marcherons » était de faire un film qui raconte les lieux qu’on a pas l’habitude de voir au cinéma. Je voulais saisir différemment les enjeux et la fiction a été le bon moyen de le faire. » Et de fait, le réalisme du récit vient d’ailleurs, et notamment des acteurs … qui n’en sont pas. Seul le personnage principal, Simon, est incarné par un comédien : Yann GAEL, un acteur français, né au Cameroun. Ainsi, le temps passé sur le terrain a permis à l’équipe d’atteindre justesse et vérité. « Il a fallut beaucoup expliquer notre démarche et nous légitimer », raconte Jonathan MILLET.

Le langage aussi tient un rôle central dans la narration de cette quête. D’une rencontre à l’autre, le jeune Simon est confronté aux langues multiples et donc aux origines diverses des migrants qui tentent de faire leur place dans la capitale française. A travers ces dialogues qui jonglent entre le français et des sonorités d’ailleurs, on comprend aussi mieux les dilemmes auxquels sont confrontés ceux qui veulent se construire en France, entre leurs racines et cette terre d’accueil qui ne cesse de les renvoyer vers le large.

Du regard du réalisateur à celui du journaliste

La lumière rallumée, le film terminé, les journalistes de la MDJ ont échangé avec le réalisateur. « Pourquoi une fin ouverte ? » Jonathan Millet explique sa volonté de raconter ces « tragédies grèques » que vivent aujourd’hui les réfugiés. « Le film s’arrête alors que le personnage principal doit faire un choix. Mais ce n’est pas son destin, ce n’est pas ce qu’il aurait voulu.  Il aimait sa vie en Afrique. » Cette ouverture permet de questionner le regard des médias sur la crise actuelle : « ce n’est pas vrai que tous les Africains veulent venir en Europe ».

Pour les journalistes du continent présents, le regard très sombre porté sur cette histoire permet de casser le mirage de la réussite et de la richesse en France. Sylvie NICOLAS, bénévole et militante, partage aussi son expérience : « c’est un miroir d’illusions très dur à casser, je le vois avec tous ces jeunes que j’accueille ». Thelma CHIKWANHA, quant à elle, se reconnait beaucoup dans ce témoignage : « En Afrique, nous pensons que l’Europe est un endroit où tout marche, où tout est accessible. Et pourtant, quand j’ai découvert Paris il y a quelques mois, j’ai été profondément choquée car c’est une des ville les plus sales que j’ai vu ». La journaliste soudanaise Mai OSMAN conclut en partageant une conviction : « il faut partager ce film, le montrer en Afrique ».

Extrait du film

Pour plus d’informations sur le film, cliquez ici.

Voir le film, cliquez ici.

« Et toujours nous marcherons » est produit par Films Grand Huit qui a gracieusement mis le film à disposition de la MDJ pour cette occasion. Cette projection s’inscrit dans le cadre des activités culturelles organisées par la Maison des journalistes grâce à la précieuse collaboration d’un réseau de partenaires solidaires.

 

Pour la première fois, la MDJ s’est rendue à la CCIJP (Commission de la Carte d’identité des Journalistes Professionnels). Mercredi 14 février, une délégation de journalistes exilés d’Algérie, de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak, du Kazakhstan, d’Ukraine et d’Iran, accompagnée de Lisa Viola ROSSI, chargée de communication et de sensibilisation, de Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique et de Pierre DASSIE, stagiaire de 3ème de la MDJ, a été accueillie à la commission par monsieur Claude CORDIER, président, et madame Marjorie MORVILLE, assistante de direction de la CCIJP. 

La délégation de la MDJ est accueillie à la CCIJP par le président Claude CORDIER le 14 février 2018 Photo © MDJ

Cette visite a commencé par une présentation de la CCIJP assurée par le président de commission Claude CORDIER.

La carte de presse est un outil de travail. Elle est une protection car on ne peut pas envoyer une personne dans un milieu a risque sans. Elle sert aussi à couvrir des événements sportifs, culturels, judiciaires, etc. Le président a notamment expliqué les différentes étapes à respecter pour être bénéficiaire de la carte de presse et ainsi obtenir le statut de journaliste professionnel. Ce statut est inscrit dans la loi afin de le protéger.

Extrait de la loi BRACHARD de 1935 :
Article L 7111-3 du code du travail : « Est journaliste professionnel toute personne qui a pour activité principale, régulière et rétribuée, l’exercice de sa profession dans une ou plusieurs entreprises de presse, publications quotidiennes et périodiques ou agences de presse, et qui en tire le principal de ses ressources. »

Pour pouvoir posséder le titre de journaliste professionnel, il y a donc certaines règles à respecter. Le journaliste doit gagner majoritairement sa vie grâce à son activité journalistique. Par exemple, s’il exerce deux métiers, son travail de journaliste doit lui rapporter plus d’argent et lui prendre plus de temps que son second emploi. De plus, le statut de journaliste professionnel est impossible dans certains cas, si on est fonctionnaire par exemple. Le montant minimum de revenus journalistiques est fixé à 630€ par mois pendant au moins trois mois. Enfin, monsieur CORDIER a insisté sur le fait que la carte de presse peut être accordée à des journalistes étrangers seulement s’ils dépendent du droit français, c’est-à-dire d’un organe de presse français.

Face à un refus de la CCIJP, le demandeur peut faire appel. S’il n’est toujours pas satisfait de la décision, il a l’occasion de se défendre devant la commission plénière constituée, entre autres, de magistrats. Il peut effectuer de nouveaux recours devant le tribunal administratif puis le Conseil d’État, ce qui représente en tout cinq niveaux.

De 2006 à 2016, une baisse du nombre de cartes attribuées a été observée. Aujourd’hui, on ne compte plus que 35 O47 bénéficiaires contre 37 009 dix ans auparavant. Parmi eux, 53% sont des hommes et 47% des femmes. Autre chiffre éloquent, 50% des cartes en France sont délivrées à des journalistes de la presse spécialisée (jardinage, mode, culture,jeux vidéo, etc.) ou la presse professionnel. Monsieur CORDIER observe d’ailleurs que contrairement à la presse nationale et généraliste, ce sont ces médias qui recrutent et créent des emplois. Il existe à ce jour peu d’études statistiques sur les chiffres de la CCIJP, mais à partir de l’année prochaine les demandes pourront s’effectuer en ligne ce qui simplifiera l’exploitation de ces résultats, et donc une meilleur compréhension de secteur journalistique français.

La visite a continué avec un temps d’échange. Monsieur CORDIER a été curieux de connaitre le fonctionnement de l’obtention de la carte de presse dans les pays d’origine des journalistes en exil présents. Dans certains cas, le processus est bien plus facile qu’en France. Pour la plupart d’entre eux cela dépend uniquement des syndicats. La France, elle, a décidé de créer une commission paritaire. Nommés pour trois ans par les fédérations patronales, les commissaires employeurs représentent toutes les formes de presse : écrite, d’agence, audiovisuelle, magazine, etc. Face à eux, les commissaires journalistes sont élus pour trois ans également, sur base de listes syndicales. Ces commissaires exercent parallèlement une activité professionnelle journalistique.

Monsieur CORDIER a ensuite guidé le groupe dans les locaux de la commission. Après avoir rencontré le personnel, les journalistes ont visité les archives. Un large sous-sol où sont disséminés des milliers de documents, dont certains datent même du lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Cette visite s’inscrit dans le cadre des activités culturelles organisées par la Maison des journalistes grâce à la précieuse collaboration d’un réseau de partenaires solidaires – notamment des institutions culturelles de Paris et d’Île de France – développé depuis quelques années par le Service Culture de la MDJ.

Le jeudi 18 janvier, une délégation de la MDJ composée de journalistes turcs, marocains, syriens et guinéens a été accueillie à la rédaction de France 24 à Issy-les-Moulineaux. Accompagnés de Lisa Viola ROSSI, chargée de mission Communication et Sensibilisation, et de Margot FELLMANN, volontaire en Service Civique de la MDJ, les visiteurs ont été guidés par Alberic de GOUVILLE, rédacteur en chef à France 24 et vice-président de la MDJ.

Marie-Christine SARAGOSSE, présidente et directrice générale de France Média Monde, maison mère de France 24, a tenu à recevoir la délégation de la MDJ. Elle a constaté que les journalistes de la MDJ proposaient « un carte significative de l’état de liberté de la presse dans le monde ». En écho à l’actualité, elle a notamment déclaré à propos de la Turquie : « Nous ne devons pas abandonner la Turquie et j’espère qu’en tant que médias international, nous pourrons créer de nouveaux projets avec les journalistes de ce pays. » Elle a ensuite interrogé plusieurs journalistes présents sur les raisons pour lesquelles ils ont dû fuir leur pays, sur leurs activités journalistiques et sur leur intégration en France. « Je suis très contente que vous veniez visiter notre chaîne. C’est la première fois que je reçois une délégation de la Maison des journalistes et j’espère que nous pourrons renouveler ce genre de rencontres » a-t-elle conclu.

« Les amis, vous êtes ici chez vous ! » a déclaré Marie Christine SARAGOSSE, PDG de France Média Monde

La visite des locaux de rédaction a été surtout l’occasion d’échanger avec des professionnels exerçant pour la chaîne. Dans ces bureaux où francophones, anglophones et arabophones partagent les mêmes espaces de travail, les journalistes de la MDJ ont pu découvrir une équipe de rédaction tout à fait singulière. Les Syriens et les Marocains ont pu discuter plus particulièrement avec des personnes travaillant en langue arabe. La visite a emmené le groupe à travers les studios d’enregistrement et les régies des différents plateaux à la rencontre des journalistes, chroniqueurs et présentateurs de la chaîne. Il a ensuite été reçu par Vanessa BURGGRAF, directrice de la rédaction francophone de France 24, puis par Nabil EL CHOUBACHY, son homologue, directeur de la rédaction arabophone.

Cette visite s’inscrit dans le cadre des activités culturelles organisées par la Maison des journalistes grâce à la précieuse collaboration d’un réseau de partenaires solidaires – notamment des médias partenaires et parrains – développé depuis quelques années par le Service Culture de la MDJ.

Pour plus d’information sur les activités du Service Culture de la MDJ, consultez lAGENDA CULTUREL 2017 ou contactez-nous par mail : evenement@maisondesjournalistes.org

 

La découverte des trésors du patrimoine de la capitale se poursuit. La MDJ s’est rendue sur l’île de la Cité pour visiter la cathédrale Notre-Dame et gravir les 422 marches jusqu’au sommet de ses tours.

La MDJ arrivée au sommet des Tours de Notre Dame © Margot FELLMANN

Le mercredi 22 novembre, une délégation de journalistes exilés originaires d’Algérie, de Turquie et de Syrie, accompagnée de la responsable du Service Culture de la MDJ, Lisa Viola ROSSI et de la volontaire en Service Civique au sein du Pole Communication, Margot FELLMANN, s’est rendue à la cathédrale Notre-Dame. La visite a commencé par l’ascension des tours de l’édifice qui a récemment fêté ses 850 ans. Au bout des 422 marches, le groupe a pu admirer la vue imprenable, un moment privilégié sous le soleil lui aussi au rendez-vous. Ils ont également pu admirer les légendaires cloches de Notre Dame ainsi que les gargouilles et les chimères qui ornent l’église. Redescendus sur la terre ferme, la visite s’est poursuivie à l’intérieur de la cathédrale. Là encore le soleil a permis d’apprécier tout particulièrement les vitraux.

Pour plus d’information sur les activités du Service Culture de la MDJ, consultez lAGENDA CULTUREL 2017 ou contactez-nous par mail : evenement@maisondesjournalistes.org