Le rideau de la 20ème édition du festival du prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre est tombé ce week-end. L’Afrique, l’un des continents les plus exposés à la guerre a brillé de son absence.

affiche2013

Affiche Prix Bayeux-Calvados 2013:
Aris Messinis (Agence France Presse),10 octobre 2011 – Syrte, Libye un homme joue de la guitare au milieu des forces du nouveau régime libyen qui affrontent les combattants pro-Kadhafi

Ils sont moins connus que des stars de la « World music » ou encore du sport. Ces personnes vous font découvrir assis sur votre canapé à des milliers de kilomètres de chez vous, des enfants sauvés des ruines, des femmes tirées des décombres d’un immeuble, des blessés transportés par des moyens du bord dans un hôpital, des torrents de sang coulant dans les rues ou des villes complètement désertes de ses habitants. En bref, une véritable décomposition des valeurs humaines voire, la destruction de la vie quotidienne des populations. Plus simplement, les souffrances d’un peuple à la merci d’un « dictateur » intrépide, omniprésent et terrorisant.

Ces hommes et femmes, les lecteurs et téléspectateurs ont néanmoins appris à les connaître sur les terrains de conflits. Journalistes, reporters-photographes, certains ont d’ailleurs payé de leur vie et d’autres, ont été victimes de prises d’otages avec pour seule faute d’avoir voulu raconter un conflit. Plus particulièrement de rendre compte des deux visages d’un même conflit en toute neutralité. Nous faire comprendre les enjeux d’un conflit et pourquoi pas, susciter une réaction internationale.
C’est eux qui étaient en l’honneur pendant sept jours à Bayeux, petite commune de Basse-Normandie. Devenue célèbre depuis vingt ans, les correspondants de guerre s’y donnent rendez-vous pour récompenser plusieurs grandes plumes du reportage des grands conflits. Cette année encore, il n’y avait pas moins de cinquante-cinq reportages en compétition toutes catégories confondues: radio, photographie, presse écrite, télévision, télévision grand format (Magazine reportage), prix du jeune reporter et web journalisme.

Quid sur l’Afrique quasi inexistante…

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Affiche Prix Bayeux-Calvados 2011:
Véronique de Viguerie (Paris Match / Getty Images)
Juillet 2009 – Delta du Niger, Nigéria – Les hommes d’Atteke Tom
arrivent au Camp 9, cachés dans une mangrove.

Parmi les candidats, un seul journaliste d’origine africaine était en lice : Patrick Fandio pour France2. Une participation « limitée » de l’Afrique qui représente pourtant l’un des continents les plus exposés aux conflits et à la guerre. Comment comprendre que L’Afrique, elle aussi victime des tourments soit alors sous-représentée. A qui revient donc la faute ? N’y-a t-il pas de journalistes, de reporters d’images ou de photographes correspondants de guerre en Afrique ? Les journalistes africains seraient-ils moins compétents que leurs confrères occidentaux ? Le mode de pré-sélection aurait t-il été spécialement compliqué pour eux ? Être correspondant de guerre n’aurait-il pas d’attrait pour les journalistes Africains ? Ces questions montrent que l’Afrique a des difficultés à trouver une place dans le monde du journalisme d’investigation qui se donne le temps et les moyens pour réaliser ses enquêtes ; tout en relevant la problématique de la formation de ses journalistes.

Du temps et des moyens

Les sujets de reportages n’ont pas pour autant manqué : La République Centrafricaine (RCA) représente l’un des grands conflits africains du moment et parmi les plus perpétuels. Le pays est en effet en proie à une profonde instabilité où s’entremêlent banditisme, luttes tribales et ambitions politique. Le Mali ou la République Démocratique du Congo avec leurs cortèges de massacres inter-ethniques et les viols à répétition illustrent également ces propos. Il en est de même pour l’effondrement progressif des pays arabes du nord de l’Afrique avec l’étincelle qui a jailli à Tunis en décembre 2010 avant d’enflammer Le Caire. Ou encore le chaos actuel où est plongé la Libye et l’Érythrée cet autre pays d’Afrique qualifié de « Corée du Nord » africaine. Ce ne sont que quelques exemples. Force est de reconnaître qu’en Afrique, nos confrères Américains ou Européens auraient bien du mal à travailler dans nos rédactions. Et pour cause, le manque criard de matériels ajoutés aux conditions de travail très difficiles et aux salaires de misères que les journalistes africains perçoivent.
Nous le savons tous : comparaison n’est pas raison. L’intention n’étant pas de remettre en cause le professionnalisme du journaliste Africain, mais il s’avère utile de rappeler ici que sur le continent « noir », le journalisme s’apprend en trois branches: la presse écrite, la radio et la télévision.
Et de ce point de vue, lorsque vous y êtes journaliste, vous êtes capable de travailler dans les trois spécialités. Or, vos qualités professionnelles, techniques et éthiques restent faibles en raison du nombre insuffisant ou du moins de la « qualité » des institution s de formation. il n’existe pas en Afrique francophone, un seul centre digne de perfectionnement des journalistes en investigation.

Les journalistes en Afrique répètent mécaniquement ceux qu’ils entendent

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[Photo tirée du site prixbayeux.org]

Les journalistes Africains restent contraints à consommer une connaissance qu’ils ne produisent pas. Leurs reportages ressemblent très souvent à un exposé rédigé à coups de paragraphes «copiés-collés». Un peu de média training ne serait pas de trop. Premier précepte : Faire en sorte que tout article ou reportage soit accessible au néophyte et irréprochable aux yeux du spécialiste comme cela se fait sous d’autres cieux. Que dire de l’état des équipements et des infrastructures ainsi que du soutien institutionnel au secteur de la presse généralement asthmatique. Pour ne pas laisser place aux catastrophismes, les mesures sont désespérément indispensables pour aider à la professionnalisation de ce secteur. Le correspondant de guerre en Afrique est une page à écrire, un livre d’or à constituer. Accroître sa viabilité et renforcer les capacités des médias intéressés par le journalisme de guerre en Afrique est plus qu’une nécessité.
Sans en vouloir aux footballeurs et musiciens, nous devons aussi célébrer en Afrique les correspondants de guerre : ceux qui, sans se réduire à eux, sans avoir peur de dire et de transmettre nous permettent de mieux comprendre ces souffrances silencieuses que la fatalité empêche plus souvent d’exprimer.

Simon Herve Nko’o à Bayeux.

La centrale électrique au charbon installée dans la région de Rampal au sein des mangroves Sundarbans au Bangladesh est une décision suicidaire du gouvernement.

– Reportage de Md. Rezaul Kabir, Blogueur et Journaliste –

http://prothom-aloblog.com/blog/rezaulkabir
http://www.somewhereinblog.net/blog/rezaulkabir
http://rezaulkabir85fr.blogspot.fr/

Le Président Indien Pranab Mukharjee a assuré tenir toutes les promesses faites pour la protection environnementale du Bangladesh. Le traité de distribution de l’eau de la rivière Tista (sur les frontières fluviales entre l’Inde et le Bangladesh et la construction d’une centrale électrique) figure parmi les nombreuses questions importantes. L’assistance mutuelle entre pays voisins est toujours souhaitable. Les discussions ont d’ailleurs commencé pour une éventuelle construction d’une centrale électrique à Bagerhat.

 

La pénurie d’électricité préoccupe le gouvernement

Vues de la forêt la Mangrove

Vues de la forêt la Mangrove

La crise du fuel et de l’électricité présente un problème majeur pour le pays et la population. Le gouvernement a déjà engagé de multiples efforts et des mesures diverses pour atténuer la crise du gaz, du carburant et de l’électricité. Celle-ci a toujours été produite avec du gaz. Actuellement, elle est produite à partir du pétrole. Oui, cette centrale utilisera le charbon pour fabriquer le pétrole qui permettra de produire l’électricité !

Le pays, le peuple et le gouvernement sont bien en pénurie d’électricité. Pour cette raison, de telles décisions hâtives d’autodestruction sont prises! Nous ne pouvons pas boire le poison pour satisfaire la soif. Le gouvernement a décidé d’installer cette centrale électrique d’une capacité de 1320 mégawatts près de la mangrove Sundarbans à Bagerhat. Mais, pourquoi tout près de cette mangrove de Sundarbans (habitants de cette région), qui est une réserve naturelle ? Elle représente le paradis de la culture, l’agriculture et la pêche.

 

Les populations locales menacées par l’installation de cette centrale

Rejets d’une centrale nucléaire

Rejets d’une centrale nucléaire

Détruire cette mangrove constituerait une crise écologique majeure à l’encontre des différents traités de protection du littoral. Surtout, ce projet pourrait certainement exterminer plus de 2500 familles de leurs terres cultivables et résidentielles. Le gouvernement ne doit pas prendre une telle décision sachant les conséquences sur l’environnement, la biodiversité et les populations locales. Sa position concernant l’installation de cette centrale électrique au charbon va à l’encontre des intérêts de l’état et du peuple. Les spécialistes de l’environnement ont émis l’avis qu’une telle centrale au charbon serait la cause de troubles du milieu et de toute la zone.

Il n’est pas du tout approprié de mettre en place une centrale électrique nucléaire ou au charbon en raison de la densité de la population et de la position géographique du Bangladesh. Le pays ne possède pas de technologie ni de moyen de contrôler un tel projet en cas d’accident, dû à sa pauvreté. Pourquoi le Bangladesh prend de tels risques au moment où les pays développés comme l’Allemagne, la France ou les Etats-Unis sont tous en train d’arrêter leurs centrales nucléaires ?

 

Des conséquences environnementales démesurées

Vue aérienne de la rivière la Tista

Vue aérienne de la rivière la Tista

Des organisations de défense de l’environnement avertissent que le gouvernement Bangladais met actuellement en place cette centrale polluante à seulement 9 kilomètres des mangroves Sundarbans. Ceci constitue une violation du droit de l’environnement. L’eau chaude, les cendres de charbon brûlé et la fumée noire polluante détruiront toute vie dans la mangrove des Sundarbans. Le Professeur Dr. Abdullah Harun Chowdhury a avertit que si cette centrale est installée dans cette zone, on assistera dans les 20 prochaines années à une augmentation des températures par effet de serre dans la zone. Le rapport Bapa de Buenos Aires précise en effet qu’au moins 37 millions de tonnes de dioxyde de carbone, 10 000 tonnes de dioxyde de sulfate, 10 200 tonnes d’oxyde d’azote, 220 tonnes d’hydrocarbures, et 720 tonnes de monoxyde de carbone seront déversés dans la nature en cas d’installation d’une centrale utilisant le charbon.

En outre de nombreux autres déchets et d’autres substances chimiques polluantes seront libérées dans l’air, l’eau de surface et sur terre. S’il n’y a pas de station d’épuration adaptée à Bagerhat, cette centrale d’électricité thermique constituera un grand danger pour la population. Par ailleurs, le gouvernement a annoncé que cette centrale sera installée ici justement pour préserver tous les autres sites environnementaux adjacents.

Les animaux de la région sont menacés par l’installation de la centrale

Les animaux de la région sont menacés par l’installation de la centrale

L’UNESCO a déclaré les Sundarbans comme « Patrimoine mondial » pour biodiversité de vie le 7 décembre en 1997. La beauté naturelle et la biodiversité des espèces animales et végétales de la mangrove des Sundarbans est une fierté du Bangladesh. Citons notamment le titre du Bengale ! Selon les informations de Banglapedia, les dernières mesures des Sundarbans ont estimé la surface de ce site à 16 700 km2 et qu’une seule des trois portions est concernée actuellement. La surface totale actuelle des Sundarbans au Bangladesh est d’environ 4110 kilomètres carrés (~40% de cette surface est en Inde) et 1700 kilomètres carrés correspondent au domaine aquatique.

Selon le droit indien de l’environnement, aucune centrale polluante ne doit être installée dans un périmètre de 15 kilomètres de la forêt. Or, la mangrove des Surdarbans se trouve dans cette zone. Le Secrétaire Indien de l’électricité et le Conseiller Bangladais du pétrole n’ont pas pris en compte cette restriction. Un projet analogue a été annulé par le gouvernement indien pour des intérêts environnementaux de leur pays. Un projet polluant en Inde mais pas au Bangladesh ? La décision et les plans d’installation de cette central ont été pris. Par conséquent, les Surdarbans n’ont pas été consultés quant à cette décision. Pourtant, un grand nombre de personnes protestent contre ce projet pour des raisons bien sûr écologiques, mais aussi économiques.

 » Cliquez ici pour lire la deuxième partie du reportage  

blEn prélude à la 20ème édition du Prix Bayeux – Calvados 2013, du 07 au 13 octobre 2013, décerné aux correspondants de guerre, la Maison des journalistes de Paris, en partenariat avec la Marie de Bayeux, le Conseil Général de Calvados et le Lycée Dumond d’Urville de Caen, ont organisé une rencontre d’échange avec les élèves dudit établissement d’enseignement secondaire français, à laquelle, a pris part, le blogueur tchadien, Makaila Nguebla, accueilli en France, après son expulsion du Sénégal.
Après une séance de projection des films de courte durée des dix reportages, les élèves ont procédé au vote pour le reportage qu’ils ont trouvé meilleur et méritoire dudit prix sera offert au journaliste-reporter.
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Pendant près d’une heure, les échanges avec ces jeunes lycéens, ont porté sur les risques auxquels, sont confrontés les journalistes en général dans l’exercice de leurs métiers au quotidien. Mais aussi sur la question de la liberté de presse et d’expression au Tchad, des droits de l’homme, des élections libres et transparentes, de la bonne gouvernance et de démocratie.
Les élèves et l’administration du Lycée Dumond d’Urville, ainsi que l’ensemble des organisateurs se sont dits satisfaits de la communication sur le sujet traité.

Reportage du blog de Makaila Nguebla : http://goo.gl/DzwUOs

bcDu 7 au 13 octobre, le Prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre célèbre sa 20e édition. 20 ans d’hommage appuyé aux journalistes du monde entier qui prennent des risques pour nous informer sur les conflits et les révolutions qui bouleversent le monde.
Une délégation de la Maison des Journalistes, accompagnée par sa directrice, Darline Cothière, sera présente.

Pour en savoir plus:

Télécharger le dossier de Presse 2013

Télécharger le programme_2013

Le bloggueur tchadien Makaila Nguebla est accueilli et soutenu par la Maison des journalistes. Invité de Télésud, il analyse l’actualité et la situation de plusieurs pays africains.


Entretien du jour du 300913 Makaila Nguebla… di telesud

Crisis in the Congo

«Crisis in the Congo», le film (photo de http://congojustice.org/)

C’est depuis fin 1996 que l’Est de la République Démocratique du Congo est devenu le théâtre de conflits armés qui a dévasté le pays. Aujourd’hui, on compte déjà des millions des victimes. Dans son rapport annuel 2012, l’International Rescue Committee, une association fondée à l’initiative Albert Einstein, a estimé que 5, 4 millions de personnes sont mortes à la suite des guerres congolaises. Dans cette tornade dévastatrice caractérisée par une sauvagerie monstrueuse, ce sont les femmes et les enfants qui payent cher… Le viol des femmes et des filles mineures est une véritable arme de guerre utilisée par les forces armées pour créer le choc et la stupeur dans le chef de la population. A travers une série d’imageries horribles, la partie Est du Congo est l’un des pires endroits au monde pour les femmes et les filles. En RDC, les femmes sont souvent violées dans l’indifférence totale des autorités congolaises, incapables de sécuriser les populations. Qui sont ces bandits? Pourquoi ne sont-ils pas inquiétés? Quelle est la principale motivation pour ces criminels de l’Est de violer les femmes et les enfants? Et l’État congolais, alors… Que fait-il concrètement?

Le modus operandi des violeurs
«Lorsqu’on viole les femmes, on déstabilise la communauté, on viole les femmes du village entier devant les enfants, devant le mari, devant les voisins, cette communauté est brisée. Les hommes ne peuvent plus regarder leurs femmes dans les yeux, et dire que nous étions incapables de vous protéger. Et les femmes ne peuvent pas surmonter ce traumatisme», témoigne Nita Evele, coordinatrice de l’Action Global pour le Congo, dans le film «Crisis in the Congo». Selon les témoignages, plusieurs femmes ont vu leur destin briser après le viol. Certaines se sont retrouvées enceintes et d’autres ont contractées le VIH-Sida. Abandonnées par leurs maris, les femmes répudiées sont devenues personae non gratae dans la communauté, au village et au sein même de leur propre famille restreinte. Pire encore. Les enfants issus de viol sont aussi bannis et rejetés par la société. Ils ne bénéficient d’aucune affection maternelle. On les appelle «Les enfants des Serpents», affirme un congolais vivant à l’Est. A en croire les déclarations des ONG locales, les petites filles nées de viol entre 1998 et 2000 ayants aujourd’hui la tranche d’âge de 13 à 15 ans, ont été à leur tour violées. Un cycle infernal!

L’épineux problème
Malgré de nombreux crimes perpétrés à l’Est du Congo notamment le cas observé de plusieurs femmes violées, la question de l’identification des violeurs reste très délicate. L’un des facteurs est en fait celui de la complexité des conflits. Tellement qu’il y a plusieurs protagonistes. Parfois, on ne sait plus situer les camps opposés. Par ailleurs, la guerre dans l’Est du Congo a une coloration économique que politique. Dans cette contrée de la RDC, il y a plus d’une dizaine des groupes armés illégaux qui opèrent en toute tranquillité. À cela s’ajoute de nombreuses rebellions qui ne cessent de voir le jour et soutenues par les forces étrangères dans le but de piller systématiquement les richesses naturelles (cobalt, cuivre, diamant, manganèse, or, uranium, zinc…). La République démocratique du Congo, pays aux innombrables richesses, n’a pas une force militaire digne de ce nom pouvant défendre loyalement la souveraineté nationale de son territoire. Le pays ressemble à un «Far West». L’armée congolaise, au vrai sens du mot, n’est pas une armée. C’est un groupe d’indisciplinés qui parfois se substitue aussi à une bande violeurs des femmes. En l’absence d’une véritable justice, l’impunité règne. Peut-être un jour ou demain qu’on reparlera de la vraie justice dans ce pays où les corps des femmes et des filles sont profanés aujourd’hui.

L’œil de Jean MATI, journaliste congolais de la MDJ