DEPUIS 1948 LES PALESTIENS VIVENT CONDAMNES A UNE HUMILIATION PERPÉTUELLE. ILS NE PEUVENT PAS RESPIRER SANS PERMISSION. ILS ONT PERDU LEUR PATRIE, LEURS TERRES, LEUR EAU, LEUR LIBERTE : ILS ONT TOUT PERDU.

Article de Jesus ZUNIGA, journaliste cubain

Traduit de l’espagnol par Sylvère Forge

Paris, Janvier 2014

LA VOIX ÉTOUFFÉE.

2Au milieu de 1985, une délégation d’élus nationalistes palestiniens expulsés de Cisjordanie par les autorités militaires israéliennes, foula pour la première fois un des sièges de l’Organisation des Nations Unies : celui de l’UNESCO à Paris.

Les élus nationalistes, également surnommés les « notables palestiniens », confiaient pouvoir rassembler un flux d’opinion favorable chez les habitants des territoires occupés par l’état israélien depuis la guerre de 1968.
Les élus avaient résumé devant la presse internationale les exigences des Palestiniens : « Nous voulons un pays, un drapeau, un passeport ». Les représentants de Tel Aviv leur répondirent laconiquement : « faut pas rêver ». Trois ans plus tard un état palestinien fut proclamé à Argel par l’Organisation pour la Liberté de Palestine (OLP).

L’absence de solution au conflit israélo-palestinien, depuis plus de quarante ans d’occupation, « continuera d’affecter la réputation de l’ONU et d’éveiller des doutes sur son impartialité », avait déclaré/exprimé en son temps l’ex-secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan. Il disait vrai.
Depuis 1948, les palestiniens vivent condamnés à une humiliation perpétuelle. Ils ne peuvent pas respirer sans permission. Ils ont perdu leur Patrie, leur terres, leur eau, leur liberté : ils ont tout perdu.

DES ABUS A L’ABSURDE.

Au Petit matin du 28 novembre 2013, les forces armées israéliennes firent irruption au domicile de la famille Al-Majid à Jérusalem, avec l’ordre d’interpeller Mohamad Al-Majid.
Sans montrer de résistance, le père de la famille Zine Al-Majid objecta qu’il ne comprenait pas le motif de son arrestation. Devant la dureté des militaires, et convaincu que la situation pouvait dégénérer, il ne restait pas d’autre possibilité à cet homme que d’accepter son arrestation et de demander à l’officier en charge de l’opération militaire, si lui et son fils pouvaient tout de même emporter « du lait et des couches jetables », ainsi que « le stricte nécessaire». Son fils, endormi à ce moment-là, et qui allait être arrêté pour constituer une menace à la sécurité de l’état israélien, était âgé de quatre ans.

Selon les données de l’ONU, entre 500 et 700 enfants âgés de 12 à 17 ans sont arrêtés, interrogés et emprisonnés chaque année par l’armée israélienne. D’après ces mêmes informations, ce chiffre avoisinerait sur la dernière décennie les 7000 mineurs incarcérés.
Pour les libérer, les autorités leur demanderaient de signer une confession écrite en hébreu, que ceux-ci ne parlent pas.

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QUE FAIT LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE ?

Aucune autre cause n’a demandé à l’ONU autant de consommation de papier que la cause palestinienne. Des centaines de résolutions la concernant n’ont jamais été respectées, ou encore moins appliquées.
Jamais les décisions et les mécanismes de l’ONU ne se sont vus autant embourbés que pour le cas palestinien. Les efforts pour neutraliser l’intervention des Nations Unies dans ce conflit ont toujours été orchestrés par les États-Unis.
Washington a voté plus de quarante résolutions au Conseil de Sécurité de l’ONU à l’encontre d’Israël, dont certaines d’entre elles ont été rédigées par ses propres alliés européens.
Un regard rapide sur la situation actuelle au Moyen-Orient, laisse transparaître que toutes ces obstructions étaient à l’encontre des intérêts de tous les partis, et n’ont conduit ni à rétablir la paix, ni la sécurité dans la région. Plus de la moitié des 690 résolutions adoptées par l’Assemblée générale entre 1947 et 1990 ont été tout simplement ignorées.
L’ONU est intervenue directement pour résoudre tous les conflits postérieurs à la Guerre froide : en Bosnie, au Kosovo, en Somalie, au Koweït, en Irak, en Afghanistan, en Iran, et plus récemment au Liban, au Sud Soudan et en Syrie.
Mais rien n’a été fait concernant le problème palestinien.
Seulement après une série d’échecs répétés, les États-Unis permirent que l’ONU participe au processus diplomatique de Paix, tout en étant incluse uniquement comme partenaire minoritaire dans le Quatuor dénommé, instance de médiation internationale incluant l’Union européenne et la Russie.

Au cours des quatre dernières décennies, Israël a violé toutes les résolutions relevant du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui « déplorent » toutes les mesures israéliennes visant à modifier les caractéristiques physiques, la composition démographique, et la structure institutionnelle de la Palestine et des autres territoires arabes occupés depuis 1967, incluant Jérusalem.
Israël n’a également pas tenu compte des dizaines de résolutions des Nations Unies, qui l’« exhortaient », l’« incitaient » ou lui « recommandaient » de changer sa politique, et qui condamnaient ses attaques et la construction de colonies juives sur les territoires palestiniens, tout comme l’occupation militaire et la déportation.
Paradoxalement, l’État d’Israël fut créé par une résolution de l’ONU en faveur de la partition de la Palestine en 1947. Israël fut acceptée comme membre de l’Organisation des Nations Unies encore naissante, à la condition de respecter le retour des réfugiés palestiniens.

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UN PRINTEMPS PALESTIEN ?


6Le 11 novembre 2004, Yasser Arafat (Abou Ammad), premier Président palestinien, fondateur de l’OLP et Prix Nobel de la Paix 1994, décéda en France à l’Hôpital militaire Percy, à l’âge de soixante-quinze ans. La cause de sa mort a toujours été accompagnée de soupçons d’empoisonnement au polonium 210, et les services secrets israéliens(Mossad)ont été accusés d’être derrière cette opération.

Cette semaine-là, Tawfiq Tirawi, président de la commission d’investigation créée pour mettre en lumière les véritables causes de la mort du leader historique, a assuré que « très prochainement » les personnes responsables de la mort de Yasser Arafat seraient identifiées.
« Je promets que la prochaine conférence de presse sera la dernière, et que quiconque qui a participé de près ou de loin à cette affaire verra son nom dénoncé au grand jour », a déclaré Tirawi à la chaîne de télévision PALESTINE TODAY.
A Paris, la veuve d’Arafat a également dit qu’un membre du cercle le plus proche du dirigeant défunt était responsable de sa mort, ce qui n’a fait qu’accroître la tension entre les différentes factions palestiniennes.

Fervent défenseur des Printemps arabes de toutes formes, et ennemi juré des « obstacles sur le chemin de la paix », Barak Obama- qui a plaidé en 2010 depuis la tribune des Nations Unies pour qu’ « …un nouvel état palestinien puisse assister à la prochaine assemblée générale… »- est celui qui aujourd’hui clame haut et fort la nécessité d’adopter une posture « plus prudente ».
Serait-ce la nécessité d’assurer plutôt au Parti démocrate les millions de votes de l’électorat juif aux prochaines élections nord-américaines ?

Il y a quelques années à La Havane, un sénateur démocrate américain bien connu, Christopher Dodd, nous a confessé (avec toujours cet humour qui le caractérise), à nous autres, quelques journalistes indépendants cubains réunis autour de lui, que : « …si le lobby juif ou cubain à Washington nous ordonne de nous jeter par la fenêtre, la question ne saurait être  »’pour quelle raison ? », mais plutôt  »de quel étage ? »… ».

Aujourd’hui c’est partie de l’Histoire ! . L’Autorité Nationale Palestinienne dispose déjà d’un siège de membre permanent à l’UNESCO et a présenté officiellement auprès de l’Assemblée générale des Nations Unies sa demande d’entrée en tant que nouvel état indépendant.
Les « notables palestiniens » de 1985 qui se rendirent à Paris ont désormais disparu. Les habitants de Cisjordanie et de Gaza possèdent d’ors et déjà un drapeau et un passeport. Qu’en est-il d’un état ?…

Les Palestiniens rêvent encore.

 

 

 

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La Maison des Journalistes a été partenaire de la 3ème édition de Rencontres Capitales 2013, sous le thème global « Changer de société? », qui a eu lieu à Marseille, les 14,15 et 16 novembre 2013.

La vidéo intégrale de la conférence « Peut-on créer une éducation à la paix et à la tolérance ? » : parmi les intervenants 2013, la directrice de la MDJ, Darline Cothière.

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Producteur : Au fil de l’eau
Année : 2013

1947. Après la seconde guerre mondiale, les pays européens dévastés et ruinés unissent leur force grâce à l’intervention financière des Etats-Unis. Le plan Marshall est lancé à destination des pays européens intéressés, avec pour objectif : construire une Europe unie et maintenir des relations pacifiques. 2012. L’Union européenne reçoit le prix Nobel de la paix pour son œuvre de pacification des relations entre les pays du Vieux continent réalisée depuis 1950. Mais cette récompense ne peut pas faire oublier que 2012 a également été l’année d’un grand nombre de violences et de manquements aux droits de l’homme dans le monde. Conflits armés médiatisés, comme en Syrie, violations des droits de l’homme recensés par Amnesty International et Reporters sans frontières (2012, année la plus meurtrière pour les journalistes depuis 1995)… Ce débat nous permettra de comprendre comment l’Union européenne a réussi à mettre en place une telle paix par l’éducation. Mais cette démocratie est-elle toujours un modèle à suivre ? L’éducation à la paix et à la tolérance n’est-elle finalement pas une nécessité permanente ? Dans ce contexte mondial de tensions, quel est le rôle des Etats et des parents dans cette éducation?

La Maison des journalistes héberge et accompagne pour une durée de six mois les professionnels de l’information contraints de fuir leur pays.

 (article publié sur A Paris n.49, Hiver 2013-14)

© Émilie Chaix / Mairie de Paris

© Émilie Chaix / Mairie de Paris

Un après-midi, en pleine semaine, rue Cauchy (15e). Le soleil perce à travers les fenêtres de l’ancienne usine de brosses à reluire située au numéro 35. À l’entrée, une coupure de presse encadrée informe le visiteur : « La Maison des journalistes est née. » C’était en 2002. Cela fait onze ans que cet établissement associatif soutenu par la Ville de Paris accueille les journalistes étrangers contraints de fuir leur pays. Présidé par Fabrice Drouelle, il a été créé à l’initiative de Danièle Ohayon, journaliste, et de Philippe Spinau, réalisateur indépendant. « Notre rôle est de venir en aide à ces personnes qui arrivent en France dans l’anonymat et l’indifférence », souligne la directrice, Darline Cothière. La Maison des journalistes (MDJ) dispose de 14 chambres. Les journalistes sont hébergés pour six mois et bénéficient d’une aide matérielle et juridique. Ils viennent pour la plupart de Syrie, du Yémen , d’Irak, d’Iran, du Tchad, d’Afghanistan… À ce jour, plus de 260 professionnels de l’information issus de près de 60 pays différents y ont été accueillis.

Échapper à la prison

Parmi eux, Makaila Nguebla. Ce Tchadien de 42 ans est arrivé en juillet dernier, après de longs mois d’exil en raison de la publication d’articles critiques sur la politique du gouvernement. « Je ne peux plus retourner dans mon pays, où je risque l’emprisonnement », témoigne- t-il. Makaila continue ainsi d’alimenter son blog*, dont le slogan rappelle la raison d’être de la MDJ : « Une plume combattante et indépendante. »

http://makaila.over-blog.com

→ 35, rue Cauchy (15e). Tél. 01 40 60 04 02/05. www.maisondesjournalistes.org

àParis+ sur Paris.fr/aparis : Rencontre avec Makaila Nguebla

 La Cour Pénale Internationale (CPI), juridiction internationale à compétence universelle, fait l’objet de vives critiques. La plupart des dirigeants africains accusent l’institution judiciaire d’être sélective dans sa démarche. Selon eux, elle n’aurait ciblé que des Chefs d’Etats et des leaders du continent noir.

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Les poursuites judiciaires en série par la Cour Pénale Internationale  des dirigeants africains, ont provoqué  la colère de ces derniers qui ont exprimé le sentiment d’être visés et accusent la dite institution de faire une sélection dans sa quête de justice.

 

L’Afrique est-elle visée ?
L’Union Africaine, institution panafricaine, a été saisie par plusieurs pays dont l’Afrique du Sud d’où est issue Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, ancienne ministre de l’intérieur dans son pays.

Elle est aujourd’hui à la tête de la Commission de l’U.A. L’Afrique du Sud est devenue pour des Chefs d’Etats africains un lieu qui encourage l’impunité institutionnelle. Ils sont nombreux à posséder des investissements mobiliers et immobiliers et à thésauriser dans les banques sud-africaines les détournements financiers de leurs pays d’origine au profit de leurs intérêts personnels. L’’article 16 du statut de Rome qui a créé la CPI est désormais utilisé comme prétexte pour des pays du continent. Oui, certains ont saisi le Conseil de sécurité en vue d’imposer à cette dite CPI la suspension de toute enquête ou poursuite pour une durée d’un an, renouvelable de facto indéfiniment chaque année. Ainsi, à l’issue d’une réunion tenue le 11 octobre 2013, des ministres des Affaires étrangères de l’Union africaine avaient demandé à l’ONU la suspension des procédures de la CPI contre les dirigeants en exercice.

 

La Société civile africaine n’adhère pas à la démarche de l’Union africaine

 La démarche de l’Union Africaine introduite auprès du Conseil de Sécurité de l’ONU, pour exiger la suspension des poursuites à l’encontre des dirigeants africains, pose problème aux organisations de la société civile sur le continent. Pour celles-ci, l’Union africaine cherche à travers un argument fallacieux à protéger les dictateurs qui essaiment l’Afrique et répriment leurs populations. Par un communiqué de presse, la Ligue Sénégalaise des Droits de l’Homme (LSDH), Human Rights Human et la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO) ont pour leur part demandé à l’ONU de ne pas céder à la volonté des Chefs d’Etats.

 

Société civile et populations la main dans la main contre l’Union africaine

 L’Union africaine ne peut décider à la place des africains eux-mêmes, souvent victimes de leurs dirigeants devenus des bourreaux. Les populations africaines ne sont pas solidaires de leur institution continentale. Elles les considèrent comme une union entre les Chefs d’Etats, constitués en syndicat. Dans un document rendu public, le 18 novembre 2013, à Johanesbourg (Afrique du sud), plusieurs organisations africaines et internationales ont soutenu que : « les gouvernements africains doivent rejeter l’idée selon laquelle, ils doivent bénéficier d’une immunité spéciale vis-à-vis de la Cour Pénale Internationale (CPI). »

Cette déclaration unanime des ONG africaines, confirme l’inquiétude de nombreux citoyens – ennes sur le continent. Ils pensent que les dirigeants africains réclament ce retrait pour se protéger et se soustraire des poursuites internationales qui seront enclenchées contre eux, une fois déchus du pouvoir. L’Afrique reste-t-elle alors le nid des violences politiques, des répressions généralisées, des violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales ? Demeure-t-elle synonyme de mal gouvernance politique et économique ainsi que de gabegie des ressources des pays des responsables politiques et administratifs ?

Les efforts de la CPI pour traduire en justice les dirigeants des grandes puissances occidentales, supposés capables, s’avèrent minimes, au regard de notre liste. Toutefois, si on prend le cas de la France,  d’anciens présidents, à savoir Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, ont été entendus par la justice de leur pays d’origine sur leur responsabilité de gestion gouvernementale, lorsqu’ils étaient en exercice. La situation de sous-développement dont est plongée l’Afrique, depuis des décennies, trouve ses origines dans l’impunité et l’injustice sociale. Pour que l’Afrique devienne un continent émergent, il lui faut sans complaisance une justice pour tous qui n’épargne personne.

Makaila Nguebla –  http://makaila.over-blog.com/

assises

Une délégation de la Maison des journalistes a été présente aux Assises du journalisme 2013 à Metz.

Le journaliste syrien, Mahmoud El Hajj, a témoigné de son parcours d’exil et de la situation actuelle de son pays devant la profession réunie aux à Metz. Il a pu échanger avec plusieurs groupes de jeunes étudiants en journalisme sur la situation de la presse en Syrie en général et des conditions de travail des journalistes.

Il était accompagné d’Albéric de Gouville, membre du conseil d’administration de la MDJ et rédacteur en chef à France 24 qui eu l’occasion de partager avec ses confrères l’expérience de la MDJ dans le cadre d’un hommage rendu aux 2 envoyés spéciaux assassinés au Mali et aux 4 journalistes français retenus en otage en Syrie.

Jean Mati, originaire du Congo RDC a participé au débat avec un grand nombre de jeunes collégiens et lycéens autour du thème: « Presse jeune, une autre façon de faire du journalisme? ».

Le site web officiel des Assises Internationales du Journalisme : www.journalisme.com/les-assises